Rendez-vous au Moulin du Diable

 

REVUE DE PRESSE

Marseille, 1908. Dans le port, des bateaux partent pour l’Afrique-Equatoriale française, souvent chargés de tuiles et de briques fabriquées à Saint-Henri, qui est encore un village. Le jardin zoologique vient d’acheter un tigre, dont le prix a été révisé à la baisse parce qu’il manquait une dent à l’animal. L’évêque de la ville bénit, à la sortie de la messe de la chandeleur, les navettes de Saint-Victor, qui ne sont pas des véhicules, mais des biscuits en forme de barque auxquels on prêtait des vertus analgésiques. On voyage en tramway, en calèches, voire dans le tout nouveau double-phaéton Panhard et Levassor qui monte jusqu’à 35 km/heure. A l’opéra, Lucien Muratore, le ténor chéri des Marseillais, chante dans « Ariane », de Jules Massenet, et à Mazargues, un jeune aviateur invente un aéroplane cellulaire, qui ne pèse que 150 kilos, avec gouvernail à l’avant et cellule stabilisatrice à l’arrière. La police municipale, qui siège dans l’ancien palais épiscopal, est en partie réquisitionnée pour assurer la protection de Georges Clemenceau, ministre de l’intérieur (il s’est baptisé « premier flic de France »), qui se présente aux élections législatives dans le Var voisin. Et la bible quotidienne est, évidemment, le « Petit Provençal »…

On ne dira jamais combien Jean Contrucci excelle à faire revivre le Marseille de la Belle-Epoque. Son art, qui est d’abord pictural, va bien au-delà de l’impressionnante érudition : il nous raconte la ville de ce temps-là comme s’il l’avait connue, comme s’il s’en souvenait, comme s’il en témoignait. Il le fait si bien qu’on a, nous aussi, l’illusion d’y vivre. Et comme cet écrivain-là est généreux, il ajoute, aux vertus du chroniqueur, les qualités du romancier-feuilletoniste. Ici, un aveu : on en voulait à Jean Contrucci de nous avoir abandonnés. Chaque année, depuis 2002, il nous avait en effet donné un volume de ses Nouveaux Mystères de Marseille. C’était un rituel merveilleux. Et puis, en 2011, avec le 10ème tome, salut la compagnie. Contrucci s’est esbigné, emmenant avec lui Raoul Signoret, le reporter du « Petit Provençal » et son oncle, Eugène Baruteau, le chef de la sûreté marseillaise. Les dizaines de milliers de lecteurs, dont votre serviteur, ont alors manifesté leur colère et Jean Contrucci a donc repris le fil de son feuilleton. Plus brillamment que jamais. Car cette onzième aventure est du nanan.

 En octobre 1908, une femme en noir enlève, dans le jardin du Pharo, un enfant de deux ans, Paul, qui jouait sous la garde de sa nurse. L’affaire met la ville sens dessus dessous. Car Paul est le fils de Marius Gauffridy, roi marseillais du bâtiment et des travaux publics, constructeur des quais, propriétaire d’une flottille de tartanes, présent aussi dans la cimenterie, les tuileries et l’industrie chimique. Chacun de son côté, pour mieux ensuite se fondre, Signoret et Baruteau enquêtent. Et quelle enquête à rebondissements ! L’enfant est retrouvé sain et sauf après qu’une rançon de 50.000 francs a été versée aux ravisseurs, lesquels sont retrouvés assassinés dans le puits du Moulin du diable (il tourne tout seul, même sans vent), près du château de Foresta. On apprendra ensuite que Marius Gauffridy n’est pas seulement le père accablé qu’il veut faire croire, que son passé vient toquer à la porte, que même la Légion n’est pas étrangère à l’affaire, que la nurse aurait beaucoup à raconter, et que les règlements de compte familiaux sont parfois les plus sordides.

 Ajoutez Marcel Pagnol à Gaston Leroux ou Paul Féval, et vous obtenez du Contrucci de haute volée. Simple en apparence, complexe en vérité. Emouvant et haletant à fois. Avec, dans le rôle principal, Marseille, qui n’est jamais plus lumineuse que dans les romans noirs. A quand, le 12ème volume de la série ? On s’impatiente déjà.

Jérôme Garcin (La Provence)

Il se définit comme un « retraité actif, journaliste honoraire, amateur de whiskies de malt et romancier populaire à ses heures. ». A ses heures ! Jean Contrucci est modeste. Depuis douze ans qu’il a entamé sa série des «Nouveaux Mystères de Marseille »-en référence aux « Mystères de Marseille » le premier livre de Zola, l’ancien chroniqueur littéraire de La Provence en est déjà au onzième volume. Ouvrages de pure distraction, aux antipodes du thriller, genre angoissant et dur à tordre, ces romans policiers connaissent un franc succès. Le charme Belle Epoque des intrigues y tient une large part. Et la régularité des aventures du fringant Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal, a créé autour de l’auteur un véritable fan club qui dépasse largement les abords du Vieux-Port.

Emule de Paul Féval, de Maurice Leblanc et de Gaston Leroux, Jean Contrucci a l’art d’hameçonner son lecteur. Sans doute parce qu’il a repris les bonnes vieilles recettes du feuilleton : chapitres courts et titres longs en forme de relance. L’auteur affectionne le rocambolesque avec tout ce que cela comporte de « portes qui s’ouvrent sur des silhouettes patibulaires », de chausse-trapes et de rebondissements ahurissants. Le duo détonant que forment Raoul le journaliste détective et son oncle Eugène Baruteau, commissaire central de Marseille a déjà eu à fort à faire par le passé : trafic d’opium, inquiétantes tables tournantes, hypnose, crimes crapuleux en tous genre. Mais c’est la première fois qu’il doit affronter un rapt d’enfant. (...)

Bien malin qui en trouvera le fin mot avant les dernières pages. Contrucci nous lance sur des fausses pistes, il nous tient en haleine et nous embrouille à souhait. Bien sûr, son détective viendra à bout de cet imbroglio. Comme dit son oncle Eugène : « Tu m’épastrouilles, Raoul.».

Claire Julliard (Le Nouvel Observateur)

Après deux ans d’absence Raoul Signoret nous revient plus en forme que jamais et c’est avec un plaisir immense que nous retrouvons le reporter du Petit Provençal et toute sa sympathique famille, à commencer par son oncle, le tellurique commissaire Eugène Baruteau, dans l’affaire complexe d’un enlèvement d’enfant.

En retrouvant Raoul Signoret nous retrouvons tous les ingrédients que nous aimons et qui font le succès de cette série. Suspens, humour, bonne humeur et bonne chère ! Sans oublier les têtes de chapitres, comme au « bon vieux temps des romans feuilletons ». Citons par exemple le premier chapitre qui s’ouvre ainsi : « Où, par un jour d’automne ensoleillé, l’apparition d’une femme en grand deuil annonce le malheur et la désolation. » Voilà qui fait venir l’eau à la bouche !

Une intrigue prenante et mystérieuse à souhait, avec ce qu’il faut de temps forts et de passages plus « calmes »,  avec des personnages hauts en couleurs campés avec justesse, et des personnages secondaires qu’on connaît et nous font sourire, comme le vieux journaliste Escarguel qui cherche à caser ses poèmes incroyables, poèmes que Jean Contrucci recueille au cours de ses recherches dans les vieux journaux, ainsi que les événements d’époque qu’il place avec doigté dans son roman, ce qui ajoute au charme sans détruire le rythme de son récit.

On l’aura compris ce nouvel épisode des Nouveaux Mystères de Marseille est une nouvelle réussite et c’est peut-être le meilleur de la série.

René Barone (Site Mon Polar)

Vivacité de l’imagination, plume alerte, habiles rebondissements, Jean Contrucci est le digne héritier d’Eugène Sue (1804-1857). Le feuilletoniste sait rendre discrète la reconstitution historique pour ne pas étouffer l’intrigue et empeser les personnages. Rendez-vous au Moulin du Diable est d’abord l’occasion de retrouvailles avec Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal, qui enquête ici sur un rapt d’enfant en octobre 1908 (…)

Macha Séry(Le Monde des Livres)

Jean Contrucci connaît admirablement Marseille et a l'esprit d'y situer la plupart de ses romans et leur donner un accent de réalisme et de plausibilité. Et lorsqu'un fait-divers défraie la chronique il fait plus que le relater, il le vit et nous le révèle avec aisance et un don naturel grâce à une imagination de la meilleure marque locale. Pour vous en convaincre il suffit de vous plonger dans la onzième aventure de Raoul Signoret. Les premiers monts prédisposent à ne plus lâcher le livre avant d'avoir atteint la dernière page. Et heureux les lecteurs qui cèderont à cette tentation, car ils y trouveront une intrigue à souhait qui ne leur laissera pas un instant d'ennui.(...) Ce roman à la prose cinématographique et aux chapitres piqués, de ci de là, de cruelles observations sur les mesquineries humaines, nous confirme dans notre sympathie pour l'art de l'auteur

Anne-Marie Mitchell ( La Marseillaise)

On croyait avoir assisté à sa révérence à l'ombre de la « Villa au loup » sa dixième énigme. Mais après mûre réflexion, Raoul Signoret est revenu frapper à la porte de Jean Contrucci. Bien lui en a pris, puisque voici le fringant reporter du Petit Provençal lancé vers de nouvelles aventures.

Le siècle a huit ans et en fille gourmande d’une IIIème République conquérante, Marseille prospère. Porte de l’empire colonial, la cité florissante assure la richesse de ses entrepreneurs. (...)

Jean Contrucci a le goût des bons repas savourés dans les calanques et des feuilletons populaires d’antan. Selon l’usage de ses « Nouveaux mystères de Marseille », il pousse les portes de la société marseillaise du XIXème siècle, s’invite dans les beaux quartiers, partage l’ordinaire des petites gens et se faufile dans les repères de la pègre. Fin connaisseur de l’histoire de sa ville, cet héritier méditerranéen de Gaston Leroux use d’aventures rocambolesques pour peindre une époque qui ignore encore qu’on la qualifiera de « Belle » après les meurtrissures de la première guerre mondiale.

Ce nouvel épisode s’adosse à une industrie portuaire éclatante de santé. Les tuiles plates marseillaises s’exportent de Melbourne à Valparaiso et l’industrie chimique prend son essor aux côtés des cimenteries. Au coeur de cette activité, Gauffridy doit-il l’enlèvement de son fils à sa fortune?

Toujours discrètement soutenu par son oncle Eugène le chef de la police marseillaise, Raoul enquête, allègre comme sa ville démangée par le progrès, tandis que par-delà la Méditerranée, les colonies offrent l’oubli aux mauvais garçons...

Les premières automobiles détrônent le cheval, l’arrivée de l’électricité chasse les allumeurs de réverbères, mais Porquerolles reste encore une île ensauvagée… Dans ce monde remuant, Jean Contrucci aiguise le plaisir de ses lecteurs au gré de rebondissements théâtraux. Il fallait bien que Raoul reprenne de l’exercice!

Frédérique Bréhaut (Le Maine Libre)

Jean Contrucci a le goût des bons repas savourés dans les calanques et des feuilletons populaires d’antan.
Selon l’usage de ses « Nouveaux Mystères de Marseille », il pousse les portes de la société marseillaise du XIXe siècle, s’invite dans les beaux quartiers, partage l’ordinaire des petites gens et se faufile dans les repères de la pègre.( …)
Fin connaisseur de l’histoire de sa ville, cet héritier méditerranéen de Gaston Leroux et Ponson du Terrail use d’aventures rocambolesques pour peindre une époque qui ignore encore qu’on la qualifiera de« Belle ».
Dans ce monde remuant, Jean Contrucci aiguise le plaisir de ses lecteurs au gré de rebondissements dont il a le secret.

(Le Courrier de L’Ouest / Presse Océan)

Comme il en a désormais l’habitude, Jean Contrucci transplante son lecteur consentant au bord d’un autre siècle pas si lointain dans une ville lumineuse et foisonnante, mélange improbable d'odeurs piquantes, de raffut permanent, de colères homériques et de cœurs capables de s'élever presque aussi haut que la Bonne Mère.

Il y aura du suspense, des bagarres, des rebondissements de dernière minute. Il y aura aussi de la daube avec une joue de bœuf avec une macaronade, une estoumagade géante et d'ultimes rebondissements qui remettront tout en cause. En bref, un livre vibrant, plein de soleil et d'aventure, un vrai bonheur de la première à la dernière page.

Florence Dalmas, (Le Dauphiné Libéré)

L'enlèvement d'enfant est un thème abondamment traité en littérature populaire et policière. Mais Jean Contrucci l'aborde avec sensibilité et pudeur. Tout ou presque est narré du côté de la famille et des policiers, l'enfant et son ou ses ravisseurs restant dans l'ombre dans une grande partie du roman. Jean Contrucci ne tombe pas dans le pathos ou le misérabilisme qui était l'apanage des grands feuilletonistes du XIXème siècle mais il ne joue pas non plus sur les descriptions de violence parfois nauséabondes dont font preuve nos romanciers actuels qui axent leurs propos sur le sensationnel au détriment de la retenue et de la nuance. Les non-dits sont parfois plus forts dans un récit car ils encouragent le lecteur à établir sa propre opinion et entretenir son imaginaire.

Le blog de Paul Maugendre

Jean Contrucci – en digne descendant des feuilletonistes du XIXème siècle - ne lésine ni sur le titre, ni sur les entêtes de chapitres, ni sur les péripéties et rebondissements multiples, tous ingrédients indispensables à ce genre de récit (…) En fin connaisseur de la ville, il parsème le récit d'anecdotes, de rappels historiques. Et c'est un vrai bonheur de déambuler dans ce Marseille d'antan (…)

Fred Robert (Zibeline)

 

 

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