La vengeance du Roi-Soleil

  

REVUE DE PRESSE

De son jeune héros, qui débarque à Marseille, Jean Contrucci écrit que, « peu familier des habitudes et du caractère tellurique de la cité, il contemplait d’un œil étonné cette révolte qui avait semblé surgir spontanément des entrailles de la ville, alors qu’elle était entretenue depuis des années par les rivalités de clans. » Non, on n’est pas en 2013, mais en 1659. On voit par là que, à cette époque, Marseille avait déjà le sang chaud et l’esprit séditieux. Elle ne manquait jamais une occasion de narguer le pouvoir central et de rappeler sa singularité. Depuis le XVe siècle, lorsqu’elle avait été cédée à la couronne de France en ces termes : « Terre non annexée, mais jointe », elle continuait de se considérer comme une ville adjacente au royaume, en marge, à l’écart, toujours insoumise. La preuve, donc, en 1659.

   Cette année-là, en effet, Marseille se révolta. Au seul prétexte que les consuls nommés par Louis XIV ne lui convenaient pas, ou plutôt qu’elle exigeait des élections libres et non des nominations arbitraires venues d’en haut, elle osa provoquer la monarchie. La Fronde fut menée par un aristocrate, Gaspard de Glandevès. La population mit à sac la Maison Commune, où siégeaient les « magistrats félons », tua les soldats qui la gardaient, destitua le premier Consul, Lazare de Vento, qui prit la fuite dans un habit d’ecclésiastique, arracha les moustaches du lieutenant des gardes du gouverneur de Provence, incendia les carrosses, et sortit même les canons ! Malgré les efforts de médiation et de pacification entrepris par le viguier Fortia de Piles, l’insurrection dura dix mois. Exaspéré, le roi finit par venir en personne mater la ville rebelle. Et pour l’humilier davantage, il fit détruire la porte Réale et entra, tel un conquérant, par une brèche que son armée avait creusée dans les remparts afin de « montrer qui était le plus fort. »

   Jean Contrucci, l’Eugène Sue phocéen dont les dix volumes des Nouveaux mystères de Marseille n’en finissent pas de faire le tour du Vieux Port, n’a pas son pareil pour raconter, comme s’il en avait été le témoin, cette révolte historique. Tout est vrai, dans son livre, et tout est faux. Car La vengeance du Roi-Soleil est d’abord, et avant tout, un roman. Un grand roman de cape et d’épée. Il imagine qu’un jeune aristocrate, un « estrangié », le chevalier Guillaume de Montmirail, débarque dans cette ville qu’il ne connaît pas et se laisse entraîner dans une Fronde qu’il fait sienne. Il tombe non seulement amoureux fou de Marseille l’irréductible, mais aussi de Constance d’Orseul, la fille d’un astronome. Seulement voilà, Guillaume, pour une vieille affaire et parce qu’il en sait trop sur un courtisan corrompu, a des ennemis féroces, qui enlèvent la belle. Commence alors, sur les chemins de Provence, une course-poursuite à bride abattue qui tient, pendant plus de quatre cents pages, le lecteur en haleine. On se bat avec des brigands masqués, on prend la mer vent debout, accompagne jusqu’à Avignon les artistes d’un cirque ambulant, on rencontre le duc de Mercoeur, et gouverneur de Provence, dans son hôtel d’Aix et le cardinal Mazarin à Lyon, on manque se noyer dans les eaux de la Nesque, on pique-nique au château d’If, on séjourne en prison, au couvent, voire à la Cour, pour assister, in fine, au triomphe de l’amour.         

   Porté de bout en bout par le mistral de la grande Histoire, le roman picaresque et palpitant de Jean Contrucci, qu’on lit comme on regarderait un film caracolant de Jean-Paul Rappeneau, est d’abord un formidable portrait de Marseille, une ville que cet écrivain des passions aime aussi fort qu’une femme. Une femme somptueuse et irascible, à la fois alanguie et colérique, élégante et canaille, terrienne et maritime. Une femme qui a toujours refusé d’être soumise. C’est ce qui rend ce roman d’autrefois si actuel. Il y a donc du moraliste chez ce feuilletoniste.

Jérôme Garcin (La Provence)

Un récit historique, qui ne lésine pas sur les coups de théâtre, et dont chaque fin de chapitre, mêlant espérance et crainte, nous tient en haleine.
Sa lecture est à ne point manquer, sous peine, aurait ordonné le Roi-Soleil, de châtiment exemplaire...
En voilà un qui ne plaisantait pas avec notre ville rebelle. Mais, trois cent cinquante-trois ans plus tard, le preux chevalier Contrucci veille et fait comprendre au Grand Louis que mal en prend à qui s'en prend aux Marseillais. Laissons à un maître du roman de cape et d'épée le soin de conclure: "À force de recherches, je me suis procuré une chose à laquelle n'avaient point songé nos grands historiens – que voulez-vous ! étant romancier, c'est mon état d'avoir de l'imagination!"
Et Alexandre Dumas père d'ajouter : la vôtre, mon cher Jean, n'a rien à envier à la mienne. Je vous en fais compliment.

Anne-Marie Mitchell (La Marseillaise)

Il y a quatre siècles, déjà, Marseille était sens dessus dessous et narguait le pouvoir. On y comptait plus de règlements de compte et de cadavres quotidiens qu’aujourd’hui. Avec une verve galopante, Jean Contrucci raconte la fronde menée contre Louis XIV, et ses consuls marseillais, par le séditieux et ambitieux Gaspard de Glandevès. Pour humilier la ville rebelle, le roi, exaspéré, finit par y entrer, en mars 1660, non par la porte Réale, dont il ordonne la destruction, mais par une brèche que son armée a faite dans les remparts. Ces dix mois de révolte servent ici de cadre à un grand roman de cape et d’épée, dans la plus pure tradition du genre. On y voit un jeune aristocrate, Guillaume de Montmirail, qui prend part à la fronde, tomber fou amoureux de Constance d’Orseul, la fille d’un astronome, que des brigands masqués à la solde d’un courtisan criminel, et bientôt les artistes d’un cirque ambulant, vont enlever à sa passion naissante. Et tandis que la grande Histoire s’enflamme, l’histoire d’amour grandit au rythme fou des combats sur le port, des sorties en mer, des cavalcades (jusqu’à Lyon), des intrigues de cour et des complots provençaux. Si le roman de Jean Contrucci est passionnant, trépidant, émouvant, le tableau qu’il fait de cette ville aussi fière qu’insurgée, « terre adjacente » comme on disait alors, est édifiant : la Marseille d’hier annonce en effet celle d’aujourd’hui.

Le Nouvel Observateur

Quand, au premier des 64 chapitres du roman tout frais paru de Jean Contrucci, l’on assiste nuitamment à un duel sanglant dans les ruelles du Panier, on s’attendrait presque, en lecteur familier de ses livres, à voir surgir à tout instant, la silhouette de l’intrépide reporter Raoul Signoret, suivie de près par celle de son oncle inséparable, le chef de la Sureté Eugène Barutaud. Mais non ! le feuilleton palpitant dans lequel on est plongé n’est pas le onzième épisode des “Nouveaux Mystères de Marseille” ; nous ne sommes pas dans le Marseille du début du siècle vingtième mais dans la ville des années 1659-1660, au temps de la fronde marseillaise contre le jeune roi Louis XIV.

 Ce livre est bien un roman et c’est en effet une aventure des plus romanesques qu’il nous conte, avec ses jeunes héros magnifiques : Guillaume, chevalier de Montmirail, sa belle amoureuse, Constance d’Orseul, Jean-Baptiste Amourdedieu, dit “Lou Rousset”, pêcheur de Saint-Jean, parmi une vingtaine de personnages tout droit sortis de l’imagination sans bornes de l’auteur. Héros de fiction donc, qui sont mêlés aux personnage historiques – Louis, roi de France et de Navarre, le cardinal Mazarin, son premier ministre, Louis de Vendôme, duc de Mercoeur, gouverneur de Provence, Gaspard de Glandevès-Niozelles, chef de la Fronde marseillaise… entre autres – et qui donnent l’impression d’écrire avec eux l’Histoire (avec un grand H) en train de se faire. Si bien que c’est un des moments les plus dramatiques, et pas des plus connus, de cette histoire, de notre histoire – celui où Louis XIV mata le peuple turbulent de notre singulière cité – que nous revivons à travers une intrigue haletante aux épisodes mouvementés, souvent rocambolesques (autour du Lacydon, à Aix, en Camargue, à Lyon…).

Contrucci excelle comme toujours dans l’art du portrait et du paysage, dans celui de ficeler des situations inattendues, de ménager le suspens, et plus que jamais, dans celui d’écrire clair et élégant, sur un rythme caracolant qui ne laisse au lecteur nul répit. En maître feuilletoniste et en authentique écrivain.

Jacques Bonnadier (Radio-Dialogue)

 La vengeance du Roi Soleil, nous entraîne dans la Marseille du XVIIe. L’auteur sait faire revivre la ville frondeuse avec un talent érudit. Sa connaissance précise des lieux, de leur histoire permet une reconstitution vivante et juste du passé. Les personnages de fiction, mêlés aux figures historiques, se retrouvent impliqués dans la grande histoire, au plus près de ses protagonistes. Ainsi, Guillaume de Montmirail, le jeune héros, se retrouve de connivence avec Gaspard de Glandevès, sieur de Niozelles, chef de la Fronde Marseillaise, et rencontre le Cardinal Mazarin. L’épisode qui explique la construction du fort Saint-Nicolas et les fameux canons tournés sur la ville, est narré avec intelligence et vivacité. Les mouvements de foule sont traités avec le même brio que les dialogues. À cela, il faut ajouter les ingrédients du roman de cape et d’épée, complots,  enlèvements, évasions, duels, meurtres. Tous les ordres et classes de la société de l’époque apparaissent, accordant au récit sa vraisemblance et sa vivante épaisseur, des gens du cirque à la cour du Roi Soleil, des galériens aux marchands bien nantis, des pécheurs aux nobles du Parlement de Provence, de la mère supérieure du couvent des Grands-Augustins aux Turcs venus approvisionner le harem de leur Sultan. Les personnages sont attachants, souvent hauts en couleur, comme Philippe d’Orseul, astronome amateur, surprenants comme sa fille, Constance, (clin d’œil à Dumas ?) aimée par le héros. La langue de Contrucci se joue des références, établissant une délicieuse complicité avec son lecteur, use du mot juste, ressuscitant tournures et détails savoureux… Une réussite !

Maryvonne Colombani (Zibeline)

Abandonnant (provisoirement ? c’est ce que nous espérons !)  les enquêtes de Raoul Signoret, Jean Contrucci, restant toutefois fidèle à sa ville, nous offre un roman de cape et d’épée “à l’ancienne”, comme il le dit sur son site. Un roman qui mêle tous les ingrédients du roman feuilleton populaire (au bon sens du terme) avec un héros au cœur noble, une belle héroïne « aux prunelles d’émeraude qui luisaient comme des escarboucles » enlevée par des spadassins à la solde d’un mystérieux homme masqué, avec des personnages secondaires des plus sympathiques comme les pêcheurs Amourdedieu et Piero Orsini. Ces aventures se fondent dans un contexte historique que Jean Contrucci fait revivre avec la précision de l’historien qu’il est.
Et l’on prend autant de plaisir à suivre les aventures du chevalier de Montmirail que celles de Gaspard de Glandevès, chef de la fronde marseillaise.

René Barone (Site monpolar.free.fr)

De juin 1659 jusqu’en mars 1660, la ville de Marseille a effectivement vécu les événements décrits dans le roman. Jean Contrucci a inséré une histoire de cape et d’épée et d’amour dans un contexte historique avec verve et rigueur. L’on retrouve certains des thèmes chers aux romanciers qui œuvraient dans ce genre littéraire, avec l’origine d’une vengeance remontant à quelques années avant le début de l’intrigue décrite, les chevauchées épiques, l’enlèvement d’une jeune fille, des femmes fatales, les spadassins masqués, les multiples rebondissements inhérents à ce genre d’histoire, des chassés-croisés et des personnages qui interfèrent pour le plus grand bonheur des lecteurs. On pourra par exemple mettre en parallèle le sauvetage de Constance (tiens, comme le prénom de madame Bonacieux dans les Trois Mousquetaires de Dumas) puis son adoption par des saltimbanques, ce qui lui permet de voyager incognito et de participer comme artiste de cirque, tout comme le fait Scaramouche dans le roman éponyme de Rafael Sabatini.

Cette Fronde marseillaise est un épisode de l’histoire de France aujourd’hui oublié, occulté des manuels scolaires. Pourtant, que d’enseignements les hommes politiques pourraient en tirer.

A Guillaume de Montmirail qui s’exclame : Mais enfin monsieur, m’expliquerez-vous ce qui se passe dans cette ville étrange pour mettre les gens en pareilles transes ? C’est à n’y rien comprendre ! Pourquoi le peuple de Marseille veut-il chasser les consuls que le Roi lui a donnés ? N’œuvrent-ils pas pour le plus grand bien de la cité ?
Philippe d’Orseul répond : Sans doute, mais là n’est pas la question. Vous avez dit le mot : ces consuls, le Roi les a donnés aux Marseillais. Autrement dit, imposés. Ils ne les ont pas choisis. C’est là leur moindre défaut. Cela est reçu comme une atteinte aux franchises dont Marseille bénéficie depuis des siècles. Cette ville entend s’administrer comme bon lui semble, avec des gens du cru, exclusivement
. Cet échange pourrait alimenter de nombreux débats dans la vie politique actuelle, alors que des instances parisiennes veulent imposer aux électeurs des têtes de liste dont ils n’ont que faire. Mais ceci nous entraîne hors sujet.

C’est cet harmonieux mélange entre réalité et fiction qui prédomine et qui entraine le lecteur dans des aventures dont le peuple marseillais est le héros malheureux, volant presque la vedette aux personnages imaginés pour la bonne cause et aux protagonistes réels indélicats. Pas tous quand même. Ils ne sont pas tous à plonger dans le même sac à rebuts. La grandeur d’âme côtoie la noirceur d’esprit. A noter la figure ambivalente de Mazarin qui est bibliophile, une qualité à lui accorder.

Une lecture qui m’a ramené plus de cinquante ans en arrière, lorsque je lisais assidûment les romans signés Dumas, Féval père et fils, encore Zevaco et leurs épigones.

Paul Maugendre (http://leslecturesdelonclepaul.over-blog.com)

Alexandre Dumas et Edmond Rostand n’ont qu’à bien se tenir, car voici que tout droit surgi de la toujours frémissante cité phocéenne, Jean Contrucci ressuscite avec enthousiasme et talent le roman de cape et d’épée !
Nous voilà donc à Marseille entre 1659 et 1660.Restée étonnement sage sous la Fronde, la grande ville du sud s’embrase soudain dix années plus tard. Gronde alors une véritable révolte, presque une révolution, qui ne sera matée que par l’intervention énergique du jeune Louis XIV. S’appuyant fidèlement sur la réalité historique, l’auteur des “Nouveaux Mystères de Marseille” fait surgir de ce passé agité une multitude de personnages tous plus attachants et étonnants les uns que les autres. Engagé aux côtés du jeune et brave chevalier Guillaume de Montmirail lancé à la rescousse de sa dulcinée enlevée par de terribles bandits, le lecteur n’a qu’à bien se tenir ! Combats acharnés, passes d’escrime, mystères et amours contrariées, tous les ingrédients d’un roman époustouflant !
Et que Jean Contrucci n’hésite pas à nous mijoter une suite…

Florence Dalmas (Le Dauphiné Libéré)

Séchons nos larmes. Dire provisoirement adieu aux enquêtes phocéennes du journaliste Raoul Signoret (« Les nouveaux mystères de Marseille » sont disponibles au Livre de Poche) n'est pas renoncer à Jean Contrucci.
Bien au contraire. Il signe d'un côté  un ouvrage de référence sur la capitale de la culture 2013 et revient de l'autre en justaucorps, perruque et rubans, avec un beau et preux héros, le chevalier Guillaume de Montmirail. Une aventure Grand Siècle, à Marseille toujours, où Contrucci dégotte encore de belles trouvailles : La « Fronde marseillaise ».
« C'est long et compliqué, pour qui n'est pas d'ici»
,
explique un Marseillais au chevalier champenois.
II faut ce roman pour que tout s'éclaire, du rôle de Mazarin aux traîtrises des consuls en passant par les tirages au sort truqués.
Marseille (enfin) expliquée
«La ville qui n'a jamais cessé de se sentir comme une "terre adjacente" au royaume de France. Terre adjacente ! Si vous voulez entendre quelque chose à la mentalité des Marseillais, n'oubliez jamais ces mots
»
Une singularité qu'on sait désormais historique.
Sitôt arrivé à Marseille, le chevalier se transforme en cigale. Contrucci en fait un don Juan massaliote. Toutes l'adorent, à commencer par la fille de l'astronome, la belle Constance d'Orseul (mais plus pour longtemps, on s'en doute)

Julie Malaure (Le Point)

Ecrivain, journaliste et éminente mémoire de l'Histoire de Marseille, Jean Contrucci fait revivre la révolte des Marseillais contre Louis XIV tout en la romançant. Les amateurs de romans de cape et d'épée devraient trouver leur bonheur dans cet enchaînement de péripéties, complots, enlèvements, trahisons, duels... sous le ciel de Marseille et l'implacable regard du Roi Soleil.

(Midi-Libre)

L'auteur, qui a déjà beaucoup écrit sur la cité phocéenne (La somnambule de la Villa aux Loups, NB janvier 2012), a concocté un roman de cape et d'épée qui réunit tous les ingrédients traditionnels du genre: complots, duels, amours contrariées, dans une poursuite échevelée. Le plus intéressant est la description d'un épisode peu connu, la révolte des Marseillais contre le Roi-Soleil. Très documenté, l'ouvrage mêle habilement personnages historiques et fictifs.

D.C.(Notes Bilbiographiques)

Complots, trahisons, chevauchées et duels sont mêlés aux amours contrariées du jeune chevalier Guillaume de Montmirail et de Constance d'Orseul. La recherche désespérée par Guillaume de la belle Constance enlevée et disparue à plusieurs reprises constitue le sujet principal de ce très divertissant roman de cape et d'épée, situé en 1659-1660 lors d'une fronde peu connue de Marseille contre le pouvoir royal.
Jean Contrucci, auteur déjà d'une série policière marseillaise à succès, a su reconstituer les troubles de l'époque et les comportements des protagonistes avec une érudition et une maîtrise exemplaires de conteur
.

TéléZ

Bien avant La Vengeance du Roi-Soleil, d'autres romans se sont inspirés de l'histoire de Marseille. Cette simple idée a donné au moins un chef-d'oeuvre à la littérature française, Le Comte de Monte-Cristo. Alexandre Dumas père reste le maître absolu et inégalé des livres du genre. Jean Contrucci, auteur déjà des Nouveaux mystères de Marseille, s'inscrit droit dans cette filiation. Certes son d'Artagnan porte un patronyme plus provençal, Guillaume de Montmirail mais sa belle amoureuse se prénomme Constance comme celle du mousquetaire de Louis XIV.
Le chevalier qui va vivre ses aventures à Marseille, loin de la capitale et de la cour, n'en est pas moins en danger que son célèbre aîné. Au fil des 450 pages, complots, duels, enlèvements, trahisons, font l'ouvrage de cape et d'épée. Le jeune héros se retrouve pris par hasard dans un enchaînement d'événements dès son arrivée à Marseille pour l'embarquement de son frère commandant d'une galère royale. Constance est enlevée par des brigands à la solde d'un grand seigneur dévoyé au moment même, en ce mois de juin 1659, où Marseille se soulève conte Mazarin qui veut imposer par la force des consuls à sa solde. Au milieu de cette révolte, au coeur du port qui n'avait pourtant pas suivi le reste du pays dans la grande Fronde de 1648 contre la régente Anne d'Autriche et son fils Louis, Guillaume va batailler - aux côtés des insurgés - pour retrouver son amour et la paix regagnée par le jeune Roi-Soleil. De quoi satisfaire les amateurs d'aventures historiques qui ne regretteront pas d'avoir acheté ce pavé de 484 grammes. Un roman idéal pour l'été.

Audrey Desanto (Marseille l’Hebdo)

 

Au XVIIe siècle, les Marseillais, fiers et jaloux des privilèges dont ils jouissaient depuis des lustres, estimaient que la toute puissance du Roi-Soleil devait s'arrêter aux Portes de leur ville. “Tout ce qui ressemble à une autorité venue d'ailleurs est pris ici comme une offense personnelle.” Ainsi, l'épisode d'une révolte populaire suscitée par la noblesse locale est demeurée méconnue de notre histoire nationale. Cette révolte donne l'occasion à Jean Contrucci, manifestement instruit de tout ce qui a trait à la cité phocéenne, d'y ajouter une intrigue permettant de suivre le périple, de Paris à Marseille, d'un chevalier au coeur pur, ne transigeant pas avec l'honneur. Le brave gentilhomme doit affronter, pratiquement seul, un odieux courtisan et les coquins à sa solde, tous décidés à occire le "naïf bretteur".
La Providence pouvait peut-être venir en aide à Guillaume de Montmirail, mais le fait, pour lui, de s'éprendre d'abord d'une ville aux multiples facettes et d'épouser la cause des insurgés opposés au pouvoir royal, ne favorisait guère la divine protection.
L'apparition d'une inoubliable beauté marseillaise n'était sans doute pas étrangère à ce choix, même si, par ailleurs, les raisons de la politique lui échappaient.
"Il avait choisi ce camp-là pour les beaux yeux d'une demoiselle qui lui avait chaviré l'âme. Il irait jusqu'au bout de son engagement
"
De cette façon, au roman historique s é r i e u s e m e n t  documenté, s'ajoute une fiction aux allures policières, la jeune fille devenant l'enjeu d'une rivalité qui la dépasse.
Quant à l'indomptée Marseille, elle offre l'occasion à Mazarin de faire la preuve de son immense talent politique.
Un roman instructif, plaisant à lire, le vent de la révolte et de l'aventure poussant, inéluctablement, chacun des protagonistes vers son destin.

Denis Jouan (Le littoral de la Charente)

Jean Contrucci est un grand enfant taquin qui propose à ses lecteurs de vivre une épique aventure de cape et d’épée « marseillaise ». La trame historique : le refus des Marseillais de se plier au pouvoir imposé, venu d’en-haut (ah, bon ?) en l’an 1659. Au centre de l’histoire : un jeune héros, des amoureux, un pêcheur marseillais, un roi tout ce qu’il y a de plus soleil, et bien entendu Marseille, ses rues, ses noms célèbres et ses intrigues. Une belle écriture, un récit enlevé et des personnages très attachants. Bref, un très bon livre pour cet été, à lire à la lumière du (roi) soleil.

Olivier Emran (ToutMa – coup de cœur)

Chroniqueur amoureux de sa ville turbulente, Jean Contrucci la peint en 1659, prête à s’enflammer contre le jeune Louis XIV. Marseille la Frondeuse, va dé couvrir la poigne de fer du monarque au moment où il s’affranchit de la tutelle de Mazarin.
Dans ce climat énervé, le jeune chevalier Guillaume de Montmirail, un «estrangié», rebondit d’une aventure à l’autre au gré d’un chemin balisé par l’amour d’une belle aux yeux d’émeraude.
Jean Contrucci joue en fin bretteur avec les codes du roman de cape et d’épée. Il ne manque rien aux péripéties du fringant chevalier ; spadassins, bohémiens, astronome, coquins ou pêcheurs au grand cœur, la galerie de portraits est taillée pour le panache, les coups de Jarnac et les trahisons.
Au galop, la joyeuse sarabande s’en remet aux mânes des maîtres, les Féval, Zevaco et bien entendu Dumas, dont on croise le plus fameux mousquetaire.
Comme il sied au genre, le fond romanesque s’adosse à des faits historiques. Partie d’une révolte aixoise, la Fronde marseillaise propulse sur le devant de la scène Gaspard de Glandevès, noble séditieux dont le charisme enflamme une population volontiers rebelle. En ces temps échauffés, la ville qui s’enorgueillit de sa singularité et se revendique « Terre non annexée, mais jointe », regimbe devant des consuls nommés par le pouvoir royal.
Sur ce socle authentique, le feuilletoniste caracole à bride abattue sans jamais perdre de vue celle qui dispute le premier rôle aux héros : Marseille.

Frédérique Bréhaut (Le Maine Libre)

 

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